[Foot-L2] Pourquoi l’AJA va remonter en Ligue 1

Une évidence. Si elle ne se détache pas encore dans cet exercice 2023-2024 de Ligue 2 BKT, l’AJ Auxerre présente les traits d’un futur promu. On vous explique pourquoi les Icaunais seront déjà dans l’ascenseur retour pour la L1 au printemps 2024.

CAR CHRISTOPHE PÉLISSIER. L’AJA peut compter sur un spécialiste des opérations montées. Bien qu’il n’ait pas permis au club de se maintenir l’an passé après avoir récupéré le navire en cours de route, le natif de Revel lui avait redonné des couleurs après la trêve. Moins « sorcier », moins multifactoriel, mais tout aussi efficace à en juger par ses deux accessions en Ligue 1 avec Lorient (2020) et Amiens (2017), sans omettre ses épopées Luzenac (2014) et Amiens (2016) vers la Ligue 2. L’homme inspire confiance, sérénité et stabilité ; il dispose du profil d’un homme pragmatique qui colle on ne peut plus à l’identité du club. Le bonhomme est discret, ses choix sont souvent justes, dans un style qui ne dénote pas : une alchimie qui fait souvent recette sur les bords de l’Yonne. Ses deux saisons sur les bancs de l’antichambre de l’élite se sont soldées par… deux montées (champion avec Lorient, vice-champion avec Amiens). Alors jamais deux sans trois, évidemment.

CAR SON ONZE PARLE POUR ELLE… ET SON BANC AUSSI. Sur le papier c’est une certitude, l’AJA n’avait pas les armes l’an passé pour jouer autre chose que le maintien en Ligue 1. Faible chez les forts, forte chez les faibles ; les Bourguignons enfilent cette saison la tunique du costaud, toujours portés par le feu follet mosellan et chouchou de l’Abbé, Gauthier Hein (arrivé en 2020). Autres ingrédients clés de la mixture auxerroise, les inamovibles Perrin, Jubal, Mensah & co. Les « retours » du fidèle Léon dans les cages et devant lui de Théo Pellenard – pour de bon remis de sa blessure – viennent consolider l’ossature bleue et blanche, entre autres. Si les joyeux drilles de l’époque Furlan ne sont plus là, les voyants sont au vert côte vestiaire. « Le groupe vit bien », renforcé par la venue de l’une des âmes du club en la personne de Djibril Cissé – comme entraîneur des attaquants.

Le mercato estival semble pour l’heure bien plus heureux que son prédécesseur, accusé d’avoir largement plombé la première partie d’exercice. Cette année, la venue d’Ado Onaiwu (ex-Toulouse) suffirait presque à elle seule à avaliser le travail de la cellule recrutement du club. Le triplé du Japonais face à Saint-Étienne le 11 novembre dernier symbolise d’ailleurs l’état de forme offensif de l’AJA, meilleure attaque du championnat avec deux buts de moyenne par rencontre (30 réalisations à ce jour). Quelques critiques pleuviotent néanmoins quant à l’absence d’un véritable « neuf », avec pour cible principale des reproches le revenant Florian Ayé. Une ombre au tableau que l’on peut difficilement occulter. En attendant, on se rassure en se disant que le danger peut aussi venir de derrière… et du banc. Sinayoko, Camara, Owusu : le staff auxerrois peut dégainer sereinement en cours de match, ce qui était loin, très loin d’être le cas les saisons précédentes.

CAR ELLE PEUT COMPTER SUR UN SOUTIEN POPULAIRE SANS PAREIL. Ils sont plus nombreux les spectateurs (ou « supporters », au choix) à s’être rendus dans le chaudron icaunais pour la réception de Dunkerque le mois dernier que pour celle – mythique – du Zénith Saint-Pétersbourg en Champion’s League, en 2010*. Oui, le renouveau de l’AJA a drainé une nouvelle génération de supporters. Passé le creux des dix ans de purgatoire, passées les affluences faméliques de 3.000 courageux les mardis d’hiver face à Bourg-en-Bresse. Oui, l’Abbé-Deschamps revit. Ce fut encore le cas il y a quinze jours face aux Verts avec un douzième homme incandescent pendant plus de quatre-vingt-dix minutes. La ferveur des dernières années Ligue 1 avant la descente en 2012 fait pâle figure en comparaison. Que ce soit à la maison ou dans les parcages à l’extérieur, l’ajaïsme surfe encore sur la vague des trois années Furlan et de sa saison dans l’élite soldée par une descente malheureuse lors de l’ultime journée. L’entrain n’a pas faibli comme cela aurait pu être craint. L’AJA est aussi maintenue à flot par le soutien populaire dont elle jouit, facteur non négligeable à l’heure de parier sur sa remontée, même si cela ne fait pas tout. Passez une tête du côté de l’Aube et son stade éponyme : sa morosité tranche nettement et imprime une tendance diamétralement opposée à celle du stade de la route de Vaux. L’AJA montera avec son cœur, celui qui vit derrière ses petites bouilles et ses vieilles gueules nostalgiques.

Rendez-vous le 18 mai 2024… ou avant.

A.B.

Illustrations : L’Yonne Républicaine A.B.

*AJA-FK Zenit (25 août 2010) : 15.277 spectateurs AJA-USLD (28 octobre 2023) : 15.514 spectateurs

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