Larges vainqueurs de Manchester City à l’Etihad Stadium (1-3), les Foxes de Leicester ont encore déjoué tous les pronostics. Ce succès de taille leur permet de continuer à rêver au titre, à treize journées du terme de la saison.
« Le petit qui mange le gros » : voilà bien le genre d’histoire dont on se délecte d’écouter le récit. Et pourtant, rares sont ceux à croire à la plausibilité d’un tel scénario dans un championnat où le leadership est (d’habitude) exclusivement trusté par les grosses cylindrées et leurs dépenses pharaoniques. Chelsea, City, Arsenal, United…Depuis 1995 et le sacre des Rovers d’Alan Shearer, plus aucun titre n’échappe à ces quatre-là. Même Liverpool ne parvient plus à se frayer un chemin dans ce quatuor (le dernier sacre des Reds remonte à…1990 !). Difficile alors d’imaginer un budget low-cost (toutes proportions gardées…) survivre trente-huit journées dans une première partie de tableau ô combien féroce. Impensable même de le voir tenir le haut de l’affiche… Pourtant, certains s’y essayent, à l’image de Southampton l’an passé. Les Saints de Koeman avaient étonné, connaissant un bel été avant de finalement retrouver leur rang. Septièmes. Une jolie récompense pour un club habitué aux affres de la lutte pour le maintien, ou du ventre mou dans le meilleur des cas.
Cette année, l’empêcheur de tourner en rond s’appelle Leicester City. Le club de foot du Leicestershire (comté situé au beau milieu de l’Angleterre) vit dans l’ombre des Tigers, son homologue du rugby. Mais cette saison a vu la naissance d’un groupe capable de détourner l’attention du Royaume, et plus encore, de l’Europe du football. Après une saison galère où il frôla la relégation, rien ne le prédestinait pourtant à une telle trajectoire. Mais la venue d’un homme allait changer la donne. Le 13 juillet 2015, c’est l’instant choisi par Claudio Ranieri pour poser ses valises sur les terres de Gary Lineker. Onze années après son départ de Chelsea et une demi-finale de C1, l’Italien décida de goûter à nouveau aux joies du championnat qui valait sept milliards. L’occasion pour ce fin tacticien de rebondir après un bilan famélique aux commandes de la sélection grecque (quatre matchs, pas le moindre succès…). Jamais titré dans un championnat majeur, le Romain a néanmoins déjà fait ses preuves sur le Vieux Continent. Demandez donc aux Monégasques, passés de Ligue 2 à la Ligue des Champions en moins de deux ans.

Le King Power Stadium, antre des Foxes (capacité : 32.500 spectateurs)
La surprise à cinq mille contre un
Le navire Leicester City démarre la présaison 2015/2016 sans « vedettes » Seul le nom de son entraîneur pourrait interpeller les non-initiés du ballon rond. Celui de son gardien aussi. Schmeichel, Kasper de son prénom et « fils de ». Confiance est faite aux fidèles du club ; parmi eux Jamie Vardy, attaquant des Foxes qui a connu la remontée en 2014. S’il fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre pour ses prouesses en Premier, l’anglais évoluait il y a quatre ans sous les couleurs de Fleetwood Town, modeste formation de Conference (cinquième division, équivalent du CFA 2 en France). Cette saison, le natif de Sheffield totalise dix-huit réalisations en championnat et a réussi la performance de marquer lors de onze rencontres consécutives. Le symbole d’une métamorphose.
Riyad Mahrez, arrivé en 2014, surprend lui aussi. L’Algérien connaît une saison idyllique alors que la Ligue 2 française était encore son pain quotidien il y a peu. Sous les ordres d’Erick Mombaerts au Havre. Même chose pour N’Golo Kanté, autre pépite qui faisait parler sa robustesse dans le championnat National entre 2011 et 2013. Force est de constater que l’osmose a bel et bien opéré entre ces talents aux parcours tumultueux : Inler, Benalouane, Schwarzer, Huth, Wasilewski… Il est de coutume d’entendre que dans le football, « ça va vite ». Preuve à l’appui, Leicester City occupait il y a un an jour pour jour la position de lanterne de Premier League. Douze mois plus tard, le mauvais élève occupe la tête de ce même championnat, le plus prestigieux et le plus suivi au monde. Son dauphin, Tottenham, est à cinq points et a lui aussi subi la loi des Foxes, le 13 janvier 2016 dans son antre de White Hart Lane (0-1). Passé aux révélateurs City, Liverpool, United ou encore Chelsea, Leicester City a prouvé que sa réputation n’était pas usurpée, traversant également sans dommage la période de Noël. Certes, Leicester dispose d’un calendrier beaucoup plus léger que celui de ses concurrents habitués aux joutes européennes. Mais tout de même, ce onze type à moins de 30 millions d’euros impose le respect. Un rapport qualité-prix inégalable. Pour le même montant (35M d’€ en réalité), United s’était payé Schneiderlin à l’été 2015…
Cette saison, Vichai Srivaddhanaprabha, le propriétaire du club, a vu ses protégés ne tomber qu’à une seule reprise sur leur pelouse du King Power Stadium. C’était le 26 septembre face à Arsenal (2-5). Les Gunners menaient alors aussi bien la danse au classement que sur le terrain… Depuis, les « renards » se sont endurcis, engrangeant 41 points sur 54 possibles. Ce 14 février 2016, les deux formations se retrouvent à l’Emirates Stadium. Un ultime date que les hommes de Wenger devront aborder avec sérieux si ces derniers ne veulent pas voir leur promise s’échapper, et le titre promis s’évaporer. A contrario, un succès visiteur constituerait un nouveau coup de tonnerre dans la course au titre. Et aussi pour les Foxes une très belle option prise dans la course aux étoiles. Les stars de la prestigieuse C1.