[Foot-L1] Auxerre-Montpellier, 3906 jours plus tard

L’AJ Auxerre retrouve La Paillade ce dimanche, plus de dix ans après le sacre des Montpelliérains, le 20 mai 2012, et surtout après ce qui constitua l’amorce d’une décennie de purgatoire pour les Icaunais.

« Tas de cons », « RIP »… Alors, que reste-t-il de ces mots d’amour ? Que reste-t-il de cet AJA qui coulait là de façon symbolique en Ligue 2, quelques jours après que le Vélodrome ait scellé définitivement son sort, et plus pragmatiquement, deux semaines après que les Girondins de Bordeaux aient achevé – en l’espace de cinq minutes – tout réel espoir dans le cœur des fervents ultras. ‘Ils nous ont un peu « tué »‘, c’est vrai. La Leclerc Bas de l’Abbé Deschamps, tribune populaire, pouvait crier son amertume en ce soir de mai 2012  Moins, de deux ans plus tôt, elle était pourtant propulsée en Ligue des Champions, au rythme des exploits d’Ireneusz Jeleń et consort. Le coup de boule de Cédric Hengbart et les cris de Bruno Blanzat à Bonal, puis San Siro, Santiago-Bernabéu… Et soudain le vide. Le vide d’un Enter The Void à la sauce bourguignonne.

« Dans le foot, ça va vite », dans la plus simple expression

Le glamour d’Amsterdam et son ArenA sont bien loin lorsqu’il s’agit de rendre visite à Francis Le Basser, ou de faire étape à René Gaillard, antres respectifs des Tangos et des Chamois. Le début des « réjouissances » de la L2 est à l’image de ce que sera la décennie à venir : une punition. Les supporters auxerrois sont privés de stade pour la réception de Nîmes le 27 juillet 2012, conséquence logique des événements du mois de mai. L’AJA s’en sort alors grâce à des réalisations de Langil et Le Tallec ; ces deux-là, aujourd’hui aux allures de fantômes, ne tarderont pas à quitter le navire. Malgré les promesses Paul-Georges Ntep, Yaya Sanogo ou encore Sébastien Haller, l’AJA ne s’en sort pas et signera littéralement sept années de malheur(s). L’apogée de ce mélodrame verra le noyau dur des supporters auxerrois in personam dire sa façon de penser à la nouvelle direction ajaïste, dans son cocon de la tribune d’honneur. Le nom de Jean-Pierre Papin circule dans les travées du stade de la route de Vaux alors que l’AJA s’incline à nouveau devant une affluence famélique. L’hiver 2016/2017 est rude pour le Chinois James Zhou, au regard pourtant neuf, et au coup de pouce financier salvateur. Mais l’inquiétude demeure tant le sportif ne suit pas l’effort ; on se console à peine avec les claques passées au rival dijonnais lors de quelques derbys, ou de l’idylle Coupe de France en 2015 avec Jean-Luc Vannuchi. 

Les sept années de malheur prennent fin à l’été 2019 avec la bonne pioche Furlan. L’homme des montées se donne trois ans pour atteindre l’objectif de la résurrection. Auxerre regoûte à l’espoir. Il semble alors temps de saluer ceux qui ont échoué à cette tâche, mais trop réussi à éprouver l’amour des Auxerrois pour celle qui est bâtie sur pierre : Wallemme, Casoni, Vannuchi, Moldovan, Daury, Gillot, Correa… Ces noms résonnent comme l’amer souvenir d’une mauvaise période de l’existence, à s’en rappeler comme on tremble de froid, tel un spasme. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le mage girondin fait renaître de ses cendres le phénix de l’Yonne. L’allégorie est on ne peut plus simpliste, au moins autant que ne le fut la pureté du bonheur ajaïste, le dimanche 29 mai 2022. Cette fois, la colère était stéphanoise, et ne fut pas sans rappeler – toutes proportions gardées – celle des Auxerrois dix ans plus tôt. Là où gloire et éteignoir ont croisé chemin, l’AJA et le MHSC se retrouvent pour ne pas (dé)périr. Il s’agit désormais de ne plus faire marche arrière, au stade du cauchemar.

A.B.

Illustration :
Capture Youtube @MoussBesson

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s