À l’occasion du duel qui opposera l’AJ Auxerre à Marseille ce samedi (17h), une initiative accouchée des réseaux sociaux invite les supporters ajaïstes à venir couverts d’une casquette… portée à l’envers ! Explications.
Le stade de l’Abbé Deschamps se prépare à accueillir le club phocéen (actuel deuxième de Ligue 1), ce qui n’était plus arrivé à ce niveau de la compétition* depuis le mois d’août 2011 (2-2). Et ce n’est pas peu dire que les Icaunais vont rompre avec bien des disettes lors de cet exercice 2022/2023. Cette résurrection dans l’élite, les Auxerrois la doivent à une succession de bonnes décisions ; parmi elles, la signature de l’entraîneur Jean-Marc Furlan à l’été 2019. La venue du natif de Sainte-Foy-la-Grande, ancien pro et avec à son actif quatre montées, souffla un vent d’optimisme parmi les supporters. Mais allait-elle être suffisante pour ranimer une équipe « traumatisée », des mots du principal intéressé ? Et plus globalement, galvaniserait-elle un club (re)tombé dans un relatif anonymat depuis la relégation de son équipe fanion ? L’historique association de la jeunesse auxerroise enregistre alors sept saisons de purgatoire, période au cours de laquelle elle n’aura jamais entrevu le moindre espoir de montée. Des maintiens parfois poussifs et une éclaircie en 2015 lorsque Jean-Luc Vannuchi mena ses troupes au Stade de France**. Et c’est à peu près tout.
« Ca fait six ans que vous vivez le maintien. Donc à un moment, fermez vos gueules. »
En 2016, le Chinois James Zhou débarque à Auxerre avec l’ambition de redonner ses lettres de noblesse à la principale attraction de la ville, deniers à l’appui. Ainsi, entre autres aspects, les installations de la route de Vaux sont progressivement remises au goût du jour (centre d’entraînement, loges,…). L’équipe première, véritable mètre étalon, ne suit pas encore la marche imposée par le milliardaire propriétaire d’ORG Technology. Trois saisons durant, Cédric Daury, Francis Gillot et Pablo Correa peinent à distiller la recette du succès. L’Abbé Deschamps boucle alors sa septième année de malheur(s), les affluences y sont faméliques et l’on préfère se rappeler au bon souvenir des années Roux, des visites plus récentes de l’AC Milan, de l’Ajax Amsterdam… Et puis Furlan. Après Libourne, Troyes, Strasbourg, Nantes et Brest, c’est dans l’Yonne que l’homme des opérations montée pose ses bagages. Bien qu’il n’invita jamais à la confiance lors de ses premières interventions devant la presse (tendance encore observée aujourd’hui), le Girondin ne s’est jamais départi de sa gouaille si singulière, de son franc-parler et de son semblant de naïveté. Prudent, le personnage colle à son environnement, toute proportions gardées avec le père éternel.
Sous ses airs de grand gamin, on sait le sérieux de l’homme, ses convictions transpirent dans le jeu d’une équipe retrouvée, d’ailleurs. L’unanimité est de mise… ou presque. Lorsque la contestation pointe le bout de son nez, il ne manque pas de rappeler le vide qui le précéda : « Ca fait six ans que vous vivez le maintien. Donc à un moment, fermez vos gueules » lâcha-t-il après une mauvaise série lors de l’hiver 2021. L’AJ Auxerre est pourtant cinquième, signe que la gourmandise s’invite de nouveau à la table des suiveurs du club ajaïste. Le psy Furlan semble ainsi raviver la flamme lors d’une première saison interrompue par la pandémie. En 2021, l’AJA est écartée de la course aux barrages d’accession pour une histoire de penalty non converti. Le troisième exercice de l’ère Furlan est le bon, après moult péripéties et un final en apothéose, le 29 mai dernier. Ce n’était qu’un mauvais rêve, Auxerre retrouve sa place en Ligue 1 aux dépens de l’AS Saint-Étienne. Après que Birama Touré ait renvoyé les bleus dans l’ascenseur, le visage de celui qui vit sa cinquième montée n’est pas transcendé. Le travail est fait, l’émotion ne transparaît pas. L’esprit est-il déjà tourné vers la saison prochaine, vers les échanges futurs avec la direction ?
Quelques jours après le temps des bans festifs, Furlan décide de poursuivre son bail bourguignon. À ses risques et périls ; il le sait, l’élite ne lui réussit pas tant. Et pourtant, les premières joutes portent leurs fruits… avant la débandade ? Difficilement souhaitable, que l’on soit sympathisant ou simple curieux. L’euphorie des résultats et les dernières douceurs de l’été aidant, il est encore temps de rendre l’hommage appuyé au libérateur. À cet instar, la petite histoire derrière la casquette portée à l’envers par Jean-Marc Furlan a suggéré à certains l’idée de multiplier l’hommage. Cela en touchant à la fibre affective. Le hashtag #MetsTaCasquetteÀLEnvers est ainsi lancé. Consolation unique si Auxerre perd samedi, le peuple auxerrois aura – on le souhaite – su toucher au père.
A.B.
*Le mercredi 10 Février 2021, l’AJ Auxerre recevait Marseille en 32es de finale de Coupe de France (0-2)
**Défaite 1-0 en finale face au Paris Saint-Germain