Bien décidé à tutoyer les sommets du volley français, le SOC a mis en œuvre les moyens nécessaires à son envol vers le professionnalisme. À commencer pa
r la signature en cette intersaison d’un nouvel entraîneur, Johann Guille. L’ancien de Calais aura à sa disposition un groupe Élite renforcé de cinq joueuses. Parmi elles, Helena Perić, jeune Serbe de 22 ans qui a laissé son amour pour le volley lui dicter une histoire peu commune, non sans détermination. Ce souffle de passion en provenance de Californie pose ses valises dans l’Yonne cet été. Rencontre.
Mardi 14 juin 2016. Voici le point de départ d’une romance ‘à la française’ pour Helena Perić, jusqu’alors attaquante des Highlanders de Riverside (Université de Californie). C’est la date choisie par les dirigeants du Sens Olympique Club pour officialiser l’arrivée de la Serbe (1m85), l’une de ses trois recrues venues de l’étranger. À l’instar de sa future coéquipière brésilienne ‘Yslany‘ Fernandes de Paula, Helena Perić a accepté de traverser l’Atlantique pour se greffer au projet du SOC. Interrogée sur les objectifs du club, la joueuse se laisse encore le temps de la reprise avant de se prononcer. « Je pense découvrir un peu tout ça la semaine prochaine [..] C’est tout nouveau pour moi » confie-t-elle.
Passion : volley , option : international
Son arrivée en France est prévue pour la mi-août, le 13 exactement. Entretemps, il lui aura fallu gérer des adieux forcément riches en émotions. Arrivée à seulement 18 ans sur le sol américain (à West Plains dans le Missouri), cette Croate de naissance y aura passé quatre années forcément marquantes. Entre le volley, les études et les rencontres. « J’y ai laissé beaucoup d’amis, des gens que j’aime…Mais je suis en même temps enthousiaste de rejoindre un pays comme la France, pour jouer au volley-ball à un niveau professionnel, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir la culture française…sa cuisine ! Mais c’est certain…les États-Unis, ça représentera quatre années incroyables de ma vie ». Helena y a obtenu des résultats à la hauteur de son sacrifice de huit mille kilomètres, d’une part auréolée d’un diplôme en Culture & Médias (spécialité production audiovisuelle), et d’autre part citée régulièrement parmi les meilleures volleyeuses de sa ligue universitaire (Big West Conference). Des performances d’autant plus remarquables dans un contexte aussi exigeant et rigoureux que celui de la formation ‘made in USA’. « Notre équipe (UC Riverside) vient de connaître sa meilleure saison – la plus victorieuse – depuis son retour en Division 1 (en 2001) ». La part de responsabilité de la néo-Sénonaise dans ces bons résultats lui a pour sûr permis de se rapprocher de son rêve, celui d’embrasser une carrière de joueuse professionnelle. Et si Bernard Plisset (président du SOC) ne lui en avait pas offert l’opportunité cet été, Perić aurait même pu allé voir chez les Hellènes.
Les racines, socle à jamais insubmersible
« J’aurais pu aller jouer en Grèce [..] Mais le volley-ball français est d’un meilleur niveau ». Là-bas, Helena se serait bien sûr rapprochée de ses racines balkaniques, tiraillées entre Croatie et Serbie. Car l’Histoire a fait des siennes… Comme des milliers d’autres, la famille Perić n’a pas été épargnée par le conflit yougoslave des années 90, contrainte de fuir la Croatie pour rallier la Serbie, dans des conditions dantesques. C’est ainsi qu’Helena grandit à Smederevo, ville située à environ cinquante kilomètres de Belgrade. La rudesse de ses premières années ne semble toutefois pas freiner sa progression, aidée par le soutien de ses parents, Mirko et Dušanka. Dans un pays où le basket règne parmi les disciplines phares, ses prédispositions naturelles auraient pu l’emmener vers la balle orange. « J’étais grande. Tout le monde me disait d’aller vers le basket, mais mon truc c’était le volley. C’est comme ça que tout a commencé » reconnaît-elle. Le contre-pied est déjà pris. Par procuration, le basket a malgré tout continué d’occuper une place majeure de sa vie personnelle, son frère et son compagnon évoluant respectivement sur les parquets italiens et américains.
Helena Perić est une amoureuse du sport en général, pas en reste notamment au moment d’apprécier l’atmosphère d’une enceinte sportive. « J’aime le basket, je suis aussi une grande amatrice de football [..] Je suis allée voir un match Étoile Rouge/Partizan (le derby de Belgrade), c’était dingue ! ». Difficile toutefois de promettre à Helena une salle Roger Breton aussi bouillante que ne peut l’être la Hala Pionir (antre des basketteurs de l’Étoile Rouge), ni de lui refaire vivre l’ambiance vécue en tant que joueuse à Hawaï l’an passé, lors d’une rencontre universitaire : « [..] Devant plus de 10.000 personnes, ce fut une expérience inoubliable…». Loin de la folie US, l’engouement du public sénonais reste assez limité… « Si on commence à gagner, les gens viendront nous encourager » se veut néanmoins optimiste la joueuse, qui se ressource actuellement en Croatie auprès des siens.
Le SOC, pour vaincre avec Perić…
L’arrivée d’Helena Perić en Bourgogne n’est pas un baptême dans l’inconnu. Après l’exil forcé de 1995, son premier grand voyage ‘en solitaire’ fut lui tout aussi précoce. Doviđenja Smederevo, zdravo Beograd*. « Je suis partie de chez moi à 14 ans pour aller vivre à Belgrade et jouer au volley-ball (tout en étudiant au Zemunska Gimnazija, Lycée de Belgrade) ». Direction la capitale, sans complexe. Une force tranquille visiblement toujours d’actualité en 2016. « Y-a-t-il quelque chose que je dois savoir ? » rétorque Helena, interrogée sur une éventuelle appréhension à l’idée de rejoindre la sous-préfecture de l’Yonne. Comme si son caractère et ses expériences pouvaient déjà lui garantir un équilibre, seulement (et peu probablement) ébranlable par quelques facteurs externes. Ce naturel serein devrait, qui plus est, être renforcé par la présence d’Ariana Williams, l’Américaine du SOC native de…Californie. « J’ai un peu parlé avec elle…elle vient de Riverside. Le monde est petit… Surprises évidemment, j’y ai étudié, elle y est née ». Curieux hasard. De Riverside (banlieue de Los Angeles) à Sens, il y a plus d’un monde d’écart. Un choc des cultures et des densités dont pourra se prémunir la Serbe en visitant Paris, qu’elle attend de connaître avec impatience. Pour l’apprentissage du français, laissez-lui un peu de temps. En attendant, essayez-vous au croate, à l’anglais, au serbe, à l’espagnol voire au portugais : vous trouverez une interlocutrice de choix. Cette scorpion de 22 ans, au tempérament de caméléon, ne devrait pas tarder à se faire lionne….
Helena Perić semble depuis toujours faire preuve d’une capacité d’adaptation optimale. Une aptitude qui sera très certainement profitable au SOC dans sa mise en route lors du prochain championnat. Loin de chez elle…et pourtant comme à la maison, Helena a subi le déracinement et a dû apprendre, a fortiori, à mobiliser de nouveaux repères. Alors le mal du pays, très peu pour cette voyageuse. « Je ne voulais pas rentrer en Serbie [..] C’était soit jouer en Europe, ou bien rester aux Etats-Unis pour travailler après les études ». Au-delà du SOC, Helena ne pose guère de limites à ses ambitions, désireuse de respecter les étapes. Elle se dit par ailleurs bonne coéquipière, soulignant l’importance de chaque joueuse dans la cohésion globale du groupe. « Ça aide quand les filles s’entendent bien entre elles [..] Je n’ai jamais eu de problème à ce niveau-là ». « I like peace ». De bon augure pour un collectif icaunais qui devra malgré tout savoir montrer les crocs face à ses adversaires. « Je suis habituellement très énervée quand je perds un match ». Culture US oblige, cette haine de la défaite n’a pu que décupler depuis ses premiers pas dans les gymnases du Missouri. Qu’elle se propage désormais sur les bords de l’Yonne ! Les premiers effets sont attendus le 1er octobre, pour l’ouverture de la saison à Saint-Benoît (Poitiers).
La passion sans frontière d’Helena Perić, assurément un vent de fraîcheur pour le SOC.
Sretno Helena !**
Crédits photos
instagram.com/helenaperic
okcrvenazvezda.com
wikipedia.org
*Aurevoir Smederevo, bonjour Belgrade.
**Bonne chance Helena !