Si la saison 2001-2002 fit connaître à la génération des « Cissé-Mexes » ses premiers émois d’un podium (3e) et d’une qualification européenne, la suivante la consacra à l’issue d’une finale épique face au PSG de Ronaldinho. Ou quand le mage Roux souleva sa troisième Coupe Charles Simon.
Dans la soirée du samedi 31 mai 2003, un ciel noir menace le Stade de France alors que va se disputer la 86e finale de Coupe de France. Il y a de l’électricité dans l’atmosphère, mais également sur la pelouse dyonisienne tant cette finale s’annonce indécise ; Djibril Cissé et Ronaldinho se partagent la vedette côté joueurs alors que Roux et Fernandez rivalisent sur la touche. Le prodige brésilien avait débuté son idylle parisienne le 4 août 2001 face à cette même AJ Auxerre ; l’occasion lui est donnée de sortir par la très grande porte avant de filer en Catalogne. Une semaine plus tôt, la répétition générale avait lieu au stade de l’Abbé Deschamps à l’occasion d’une dernière journée de Ligue 1 qui vit triompher les Bourguignons par deux réalisations de Kapo (2-0). Un résultat qui priva le PSG d’Europe par le biais du championnat. Les supporters parisiens et leurs fumigènes malheureux s’en souviennent encore, la gouaille rouxienne ayant fait annuler un premier but d’Hugo Leal pour ces raisons brumeuses.
Dans le « 9-3 », le Portugais est encore l’un des premiers à s’essayer pour faire trembler les filets. Après un slalom du « dix » auriverde, la demi-volée du gauche de Leal ne laisse aucune chance au portier auxerrois, lequel tourne le dos à son virage (21e). Cette fois, c’est accordé. Cool y voyait clair, Roux n’y peut rien. Dans un climat de tension si prégnante, on se dit alors que Paris a fait le plus dur, que le premier à marquer irait saluer le président Chirac le sourire aux lèvres. Pourtant, l’arrière-garde auxerroise résiste encore aux facéties de « Ronnie »…
Cissé-Alonso : histoire d’extension(s) et émotion séculaire
Radet, Mexes, Boumsong ; difficile de dégager une meilleure défense dans l’histoire ajaïste. Et si l’un de ceux-là apportait la solution ? Car l’AJA n’y arrive pas malgré les entrées d’Akalé et de Benjani, on s’en remet aux tentatives de Mathis. Des essais infructueux, au grand dam du virage auxerrois et de ses milliers de jeunes supporters invités par le département. « L’Yonne, toute la force de la Bourgogne » peut-on lire sur les t-shirts qu’ils arborent, distribués par le Conseil général. Un souvenir bien lointain pour votre narrateur, mais encore bien ancré dans les mémoires. Ces dernières ne faillissent pas, car ce qui va suivre va marquer à jamais ces gamins nés à la fin des années 80 et dans la décennie suivante. Ces gosses qui connaîtront ensuite Sedan 2005 dans un scénario étonnamment similaire, et plus tard Cristiano Ronaldo au stade de l’Abbé Deschamps, pour résumer très grossièrement les dix prochaines saisons. Avant le purgatoire (puis la renaissance).
Il reste quinze minutes à jouer dans cet AJ Auxerre – Paris SG : c’est le moment choisi par Johan Radet pour délivrer une passe sautée dont il a le secret. L’arrière droit met sur orbite Djibril Cissé, 21 ans alors. Le lion s’étend de tout son long pour prolonger du protège-tibia le ballon dans les filets de Jérôme Alonzo, immobile. Le peuple auxerrois est extatique, il n’imaginait plus la délivrance. C’était il y a vingt ans, pas de jouissance à retardement comme sait aujourd’hui nous concocter l’arbitrage vidéo. Sept années après sa dernière victoire en Coupe de France (2-1, face à Nîmes), Auxerre peut de nouveau rêver. Comme face à Rennes en demi-finales, ou Angoulême en quarts, on fait languir ses supporters avant de leur apporter l’onctueuse libération. Déhu et compagnie auront-ils les nerfs solides pour ne pas flancher face à la dynamique de celui qui revient du diable Vauvert ? La 89e minute apporte une réponse définitive, une réponse pour l’histoire de ces gamins, après une saison où ils auront jubilé d’une victoire à Highbury, d’une qualification légendaire face au Betis, ou d’un duel mémorable avec les Reds.
La prolongation approche tandis que l’AJA accule son rival, et voilà un centre venu de la droite pour le crâne de Jean-Alain Boumsong. Le natif de Douala au Cameroun smashe le cuir dans la cage parisienne, mais Alonzo lui refuse une première fois la délivrance, à la manière d’un Gordon Banks face à Pelé. Ni plus ni moins. Quelques secondes plus tard, un cafouillage hystérique donne une seconde chance à « JAB ». Cette fois-ci est la bonne, le missile de l’ex-Havrais vient se loger directement sous la barre, sous les yeux médusés de Gabi Heinze. Ronaldo de Assis Moreira, par la petite porte. Les Parisiens s’effondrent, les Auxerrois explosent dans une liesse digne d’une finale de Coupe d’Europe. Car s’il faut retrouver un scénario capable de procurer une telle décharge d’émotions, celui de la finale Bayern-Manchester United – quatre ans plus tôt – s’en rapproche fabuleusement. Ce n’est pas Sir Alex Ferguson, lequel tient Guy Roux en haute estime, qui dira le contraire.
Un autre Écossais, William Shankly, saurait lui aussi expliquer l’émotion vécue de ce 31 mai 2003, comme le traduit son célèbre aphorisme : « Some people believe football is a matter of life and death, I am very disappointed with that attitude. I can assure you it is much, much more important than that* ». Universel, intergénérationnel.
A.B.
Illustrations :
Fédération Française de Football (F.F.F.)
L’Équipe
*« Certaines personnes pensent que le football est une question de vie ou de mort, je suis très déçu de cette attitude. Je peux vous assurer que c’est beaucoup, beaucoup plus important que ça. »
feras-tu un article sur le départ de Messi du PSG? Me gustaría leer tu opinión sobre esto !!
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